Dernière minute ce matin : Christiane Taubira a démissionné du gouvernement.
Sur son compte twitter la désormais ex-garde des Sceaux explique que "résister, parfois, c'est partir".
Ministre emblématique, détestée par certains, adulée par d'autres qui voient en elle l'un des derniers vestiges de la gauche sociale on connaît ses bons mots, ses fous rires, ses coups de gueule, et surtout son fort tempérament.
Garde des Sceaux, ministre de la Justice depuis 2012, Christiane Taubira a porté au Parlement le projet de loi ouvrant le mariage pour tous, projet phare des débuts du président de la République François Hollande. Si à droite on pense que cette mesure a créé un véritable clivage au sein de la société française, c'est avant tout sa politique pénale qui a été sujet à controverses durant son mandat.
Depuis peu on sentait bien que ça balançait, que ça allait virer... à droite. Partout où Manuel Valls était invité, on demandait au Premier ministre ce qu'il allait bien se passer pour la garde des Sceaux. Si elle serait virée du gouvernement, si elle y avait encore sa place, si ses propos n'étaient pas trop éloignés de la ligne tenue par le gouvernement ... Car le dernier sujet qui fâche c'est l'extension de la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs de crimes terroristes : un sujet qui accapare le débat politique depuis quelques semaines (et on vous fera un point plus précis très bientôt). Hostile à cette mesure annoncée par le gouvernement, Christiane Taubira estime que celle-ci contreviendrait au droit du sol : une erreur selon Manuel Valls. Le 16 janvier dernier dans l'émission On n'est pas couché de Ruquier le ministre défendait cependant la place de la ministre au gouvernement, et stipulait simplement qu'elle n'aurait pas dû s'exprimer ainsi, depuis un pays étranger (l'Algérie) de surcroît. Depuis, Taubira a maintenu ses idées sur le sujet et a notamment insisté sur l'efficacité "absolument dérisoire" de cet élargissement de la déchéance de nationalité.
Ce matin, la garde des Sceaux a mis fin aux interrogations sur son avenir au sein du gouvernement et a donné sa démission. Sa dernière décision au sein du gouvernement est avant tout une prise de position. La gauche la salue, la droite se félicite. Cette décision est prise à un moment délicat mais surtout stratégique : le débat sur la révision constitutionnelle s'ouvre en effet aujourd'hui à l'Assemblée nationale, en Commission des Lois.
Aussi, le choix de son remplaçant n'est pas anodin : il s'agit de Jean-Jacques Urvoas, socialiste de 56 ans ... actuel président de cette Commission. Mais alors qui est-il ?
Le président de la commission des Lois à l'Assemblée, Jean-Jacques Urvoas, en octobre 2013. © AFP/ Martin Bureau